Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/128

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de chambre, vous êtes perdue, car vous avez toutes les grâces possibles ; mais le bon sens manque encore à votre jeunesse, vous ne savez pas raisonner. De ce côté-là, je pourrais bien vous être de quelque utilité ; mais votre maladie va cesser au premier jour, alors je n’aurai plus de prétexte pour vous voir et vous pouvez tomber dans les plus grandes fautes. Si j’étais à votre place, j’aimerais bien faire l’acquisition du bon sens ; c’est un travail d’un mois ou deux.

— Pourquoi ne me pas dire cela en deux mots, pourquoi cette préface d’un quart d’heure ? Je suis inquiète depuis que vous parlez pour deviner à quoi vous voulez en venir.

— Je veux, répondit Sansfin en riant, que vous consentiez à un meurtre horrible : tous les huit jours, je vous apporterai dans la poche de ma veste de chasse de Staub[1] un oiseau vivant ; je lui couperai la tête, vous verserez le sang sur une petite éponge que vous placerez dans votre bouche. Aurez-vous ce courage ? pour moi, j’en doute.

  1. Le tailleur à la mode. (Note de B.) Ce tailleur est déjà cité dans le Rouge et le Noir.