Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/129

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— Après ? dit Lamiel.

— Après, reprit le docteur, dans les moments que vous passerez auprès de la duchesse, de temps à autre vous cracherez le sang. Votre poitrine étant attaquée à ce point, on n’aura plus d’objection à tout ce que je voudrais faire faire pour vous amuser. Je vous l’ai déjà dit : votre maladie conduisait au marasme, rien n’est plus dangereux chez les filles de votre âge ; mais au fond votre maladie n’était que de l’ennui.

— Et vous-même, docteur, ne craignez-vous pas de m’ennuyer en m’enseignant ce que vous appelez le bon sens ?

— Non, car ce que je vous demande c’est du travail, et, dès qu’on y réussit, le travail donne du plaisir et chasse l’ennui. Figurez-vous que de toutes les choses que croit une jolie fille de basse Normandie, il n’en est pas une qui, plus ou moins, ne soit une sottise ou une fausseté. Qu’est-ce que fait le lierre que vous voyez là-bas dans l’avenue sur les plus beaux chênes ?

— Le lierre embrasse étroitement un côté du tronc et ensuite suit les principales branches.

— Eh bien ! reprit le docteur, l’esprit naturel que le hasard vous a donné, c’est le beau chêne ;