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CHAPITRE IX

L’ÉDUCATION DE LAMIEL ET L’ABBÉ CLÉMENT


À l’époque de la fête d’inauguration de la tour, le curé d’un petit village assez voisin du château de Miossens vint à mourir et, à la recommandation de la duchesse, l’archevêque de Rouen donna cette petite cure à M. l’abbé Clément, neveu de Mlle  Anselme, gouvernante du château, et toute-puissante avant l’arrivée de Lamiel. Ce jeune prêtre, fort pâle, fort pieux, fort instruit, était grand, mince et plus qu’à demi-poitrinaire, mais il avait un cruel défaut pour son état, et il sentait bien que, malgré lui et à son corps défendant, il avait beaucoup d’esprit ; bientôt, malgré la bassesse de son origine et en vertu de son esprit qui, entre deux partis, lui faisait toujours choisir le meilleur, il devint le personnage essentiel du salon de Mme  de Miossens. D’abord, on lui avait fait entendre sans trop de façon que, lorsqu’on l’avait fait curé à vingt-quatre ans d’une cure valant au