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Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/187

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montèrent en voiture avec le seul Hautemare qui, épuisé de l’effort qu’il avait fait de se maintenir en colère pendant une heure, de peur de la scène qui l’attendait à la maison s’il reparaissait sans sa nièce, avait les larmes aux yeux, de faiblesse, et ne savait plus ce qu’il disait.

En montant en voiture, la duchesse avait eu le temps de dire à Lamiel :

— Ne disons rien de nos projets à cet homme, il est peut-être fanatisé par les jacobins.

Lamiel fut la première à dire, lorsqu’on fut à cinq cents pas hors du château :

— Mais, madame, tout est bien tranquille.

Bientôt on fut dans la grand’rue du village ; le réverbère de la municipalité brûlait tranquillement et le seul bruit que ces dames entendirent fut le ronflement d’un homme qui dormait dans sa chambre, au premier étage, élevé de huit pieds au-dessus du sol. Mme de Miossens partit d’un éclat de rire et se jeta dans les bras de Lamiel qui pleurait d’amitié et d’attendrissement. Pendant quelques minutes, Mme de Miossens se livra à toute sa gaîté ; le Hautemare ouvrait de grands yeux.

— Il faut éloigner les soupçons de cet homme, se dit la duchesse.