Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/188

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— Eh bien, mon cher Hautemare, avez-vous été content du bon sang-froid avec lequel j’ai ramené votre nièce jusqu’au logis de sa chère tante ? Vous avez les clefs de la tour, allez nous ouvrir la chambre du second étage et faites du feu, j’irai me recoucher, et si Mme Hautemare nous le permet, dit-elle avec un ton d’ironie qui ne fut point aperçu par le maître d’école, je désirerais, pour n’avoir pas peur des esprits, que Lamiel vînt occuper le petit lit de fer.

Le lecteur a sans doute remarqué que la duchesse eut la prudence de ne pas demander à Hautemare comment il savait que Fédor devait revenir à Carville.

— Ceci tient à la propagande des jacobins, pensa-t-elle ; cet homme me répondrait par un mensonge, il vaut mieux ne pas le mettre sur ses gardes, je saurai tout par ma petite Lamiel.

Hautemare, une fois assuré que sa femme ne lui ferait pas de scène, eut bien honte de la façon grossière dont il avait parlé à la duchesse. Quant à sa femme, tout à fait calmée par l’extrême politesse de la grande dame qui daignait elle-même reconduire sa nièce, elle n’eut pas de peine à permettre à celle-ci de remonter au plus vite auprès