Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/196

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raux, il faut que je me sauve au Havre et peut-être de là en Angleterre, car aussitôt le vicomte de Saxile vient demander qu’on me jette en prison. Tout au moins on visitera mes papiers pour voir si je ne suis point d’accord avec les libéraux de Paris. Ce jeune imbécile veut retourner à son École polytechnique, il faut pousser la duchesse à consentir à ce retour, et moi je serai le modérateur du jeune homme, je l’accompagnerai à Paris, j’enverrai deux fois par jour des courriers à la duchesse et, au fond, j’essayerai de me faufiler avec le parti vainqueur. Ces Parisiens sont si bêtes que, naturellement, la cour s’en tirera avec des promesses ; quand le peuple n’est plus en colère, il n’a rien ; et dans huit jours les Parisiens ne seront plus en colère. Dans ce cas, je gagne la faveur des chefs de la congrégation et je reviens à Carville comme un de leurs envoyés. C’est à moi alors à faire entendre à tous les imbéciles du parti que M. le vicomte de Saxile est un cerveau brûlé, capable de tout gâter. Par là, à tout le moins, je me sauve de la prison où ce gredin-là voudrait me jeter. Il faut donc flatter ce petit imbécile de façon à ce qu’il m’accepte pour compagnon de voyage.

Pendant toutes ces réflexions, Sansfin avait com-