Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/231

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— J’aurais bien dû, se dit Lamiel, renvoyer mon Jean, et apprendre de cet être-là ce que c’est que l’amour ; mais peut-être bien qu’il ne le sait pas lui-même.

Mais bientôt, à force d’aisance, le duc arriva au point d’être ou de paraître trop à son aise.

— Adieu, monsieur, lui dit à l’instant Lamiel ; je vous défends de me suivre.

Fédor resta debout sur la route comme changé en statue. Ce trait si imprévu fixa à jamais dans son cœur le souvenir de Lamiel.

Heureusement, en arrivant au château, il osa l’avouer à Daval.

— Il faut laisser passer huit jours sans parler à cette mijaurée ; du moins, ajouta Duval en voyant qu’il allait déplaire, c’est ce que ferait un jeune homme du commun ; mais les gens de votre naissance, monsieur le duc, consultent avant tout leur bon plaisir. L’héritier d’un des plus nobles titres de France et d’une des plus grandes fortunes n’est point soumis aux règles ordinaires.

    ce portrait dont le modèle est Martial Daru, bien connu des lecteurs du Journal de Stendhal.