Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/277

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plaisent. L’élection de notre arrondissement terminée, et la fournée de préfets annoncée dans le Moniteur, mon père sera si joyeux, s’il est préfet, qu’il me pardonnera facilement. La chose sera beaucoup plus difficile s’il reste sous-préfet. Ce M. de Tourte est tout-puissant sur l’opinion dans notre arrondissement, son père est grand vicaire.

Le lendemain soir, Lamiel, obligée de répéter son histoire au bon M. Le Grand, relut la lettre de son oncle. Elle avait oublié d’expliquer le passeport, elle dit :

— Un sous-préfet, gouvernant à six lieues de chez nous et auquel M. de Tourte a fait refuser ma main, me promit un passeport par le moyen d’un de ses parents, maire à vingt-cinq lieues de chez lui, du côté de Rennes.

Cette histoire attendrit M. Le Grand jusqu’aux larmes et fournit pendant huit jours à la conversation du soir. Dès le second jour. Mme Le Grand avait dit à sa protégée qu’elle l’aimait comme sa fille.

— Tu as mille cinq cent cinquante francs pour tout bien, et tu prends un appartement de cinq cents francs ; je vais t’en donner un de cent cinquante où tu seras aussi convenablement, mais je