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CHAPITRE XXI

LE COMTE D’AUBIGNÉ-NERWINDE


Un soir, elle était encore chez Mme  Le Grand à minuit, et, pour s’amuser, avait entrepris de plaire à son gros mari ; elle étudiait chez cet homme l’absence complète d’imagination, lorsqu’on entendit un grand bruit dans la rue et bientôt à la porte de l’hôtel. C’était un des jeunes habitants de la maison que l’on rapportait ivre-mort.

— Ah ! c’est encore le comte d’Aubigné-Nerwinde, s’écria Mme  Le Grand.

C’était ce qu’on appelle à Paris un fort aimable jeune homme qui s’occupait gaîment à manger une fortune de quatre-vingt mille livres de rente que lui avait laissée le brave général d’Aubigné, si célèbre dans les guerres de Napoléon. Depuis trois ans seulement, il avait hérité et se trouvait déjà réduit à l’hôtel garni. Il avait été obligé de vendre sa maison.