Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/310

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remment que les soins qu’il se donne pour cela le fatiguent : de là son humeur dans le tête-à-tête : eh bien ! abrégeons les tête-à-tête. En rentrant à la maison, tout mon contentement disparaît ; dès qu’il est seul avec moi, il devient âpre, presque insultant, lui qui se montre dans le monde d’une politesse si cérémonieuse ; il semble que je lui fasse un tort en lui adressant la parole, même pour lui demander son avis.

Toutes ces réflexions, plutôt senties qu’expliquées avec netteté, arrivèrent en foule à Lamiel, comme elle regardait ses cheveux dans le miroir pour mettre ses papillotes.

— Il n’y a qu’un moment, en ôtant mon chapeau, j’avais le rire sur les lèvres, se dit-elle, et maintenant, j’ai l’air morne, j’ai besoin de faire effort sur moi-même pour n’être pas en colère. Grand Dieu ! il en est ainsi tous les soirs ! Apparemment, cet homme si imposant est fatigué des efforts qu’il fait pour maintenir son empire dans le monde, et quand il est fatigué, il a de l’humeur.

Elle courut à sa chambre et s’enferma à clef.

Il n’y avait alors que huit jours seulement depuis la première soirée à l’Opéra. Lamiel avait