Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/311

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ce courage sans effort des caractères parfaitement naturels.

— Qu’est-ce que cela signifie ? s’écria le comte d’un air morne, en entendant le bruit de la porte fermée.

Pour s’amuser, Lamiel imita le ton âpre et grossier de son noble amant :

— Cela signifie, lui cria-t-elle à travers la porte, que je suis lasse de votre noble présence.

— Eh bien ! ma foi, tant mieux, se dit Nerwinde, qu’ai-je besoin de m’énerver avec une créature dont tout le monde voit bien que je dispose ? L’essentiel, c’est que, par sa figure et l’esprit que je lui souffle, elle me fasse honneur dans le monde. Je vais bien la punir, cette petite mijaurée : j’attendrai qu’elle m’appelle dans sa chambre, et surtout jamais elle ne me verra piqué de son étrange folie.

On demandera peut-être quelle était la base morale de ce caractère étrange du comte. Les prétentions, les fatales prétentions, une des causes principales de la tristesse du XIXe siècle. Nerwinde mourait de peur de n’être pas pris pour un comte véritable.

Le malheur d’un caractère si ferme en appa-