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Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/317

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d’un ennui complet. Elle avait toujours présent à l’esprit le salon de la duchesse de Miossens où elle s’était ennuyée jusqu’au point d’en tomber malade. C’était à cet ennui d’autrefois qu’elle devait d’être si séduisante aujourd’hui. Son caractère vif et presque méridional eût bien toujours rendu difficiles pour elle les mouvements contenus et ralentis qui, de nos jours, font la base de la vie de salon au faubourg Saint-Germain, mais on voyait clairement, à travers son naturel le plus dévergondé, qu’elle savait, qu’elle eût su au besoin se montrer parfaitement convenable, être de bon ton, et la franchise de ses façons avait presque l’air d’être un trait de bonté qui vous appelait auprès d’elle aux honneurs et au sans-façon de l’intimité.

Or, la peur de n’être pas assez considéré, qui faisait le supplice du comte, le rendait premièrement insensible à ce genre de grâces. On sentait surtout le charme des façons de Lamiel dans les parties de plaisir à la campagne qui formaient maintenant son occupation tous les jours de sa vie, mais ces messieurs les hommes de plaisir, peu philosophes, minces observateurs de leur métier, ne les devinaient point, et elles étaient pour eux plus charmantes.