Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vaillait comme un écolier. Elle apprenait même les mathématiques. Après les parties de campagne, on arrivait au spectacle à neuf heures, et l’entrée de Lamiel produisait tout l’effet désirable. Mais le comte la grondait chaque fois de l’affectation qu’elle mettait à ne pas faire de bruit en entrant dans sa loge.

— Voulez-vous donc avoir l’air éternellement d’une femme de chambre qui profite de la loge et de la toilette de sa maîtresse ?

Les grâces charmantes qui faisaient de Lamiel un être si nouveau pour Paris en 183., et qui, en un instant, la mettaient à la première place dans tous les salons de femmes faciles, où elle débutait, n’avaient aucun mérite aux yeux du comte, même lui déplaisaient. Ces grâces, si piquantes, devaient tout leur empire : 1° à la nouveauté ; 2° à leur naturel exquis et précisément à ce qui montrait à chaque instant que Lamiel ne devait pas ce qu’elle était seulement à un salon du grand monde. Elle comprenait les grâces de la bonne société, elle avait même appris à leur être exclusivement fidèle, mais aussi elle avait compris que les grâces outrées, telles qu’elles s’étaient formées sous les règnes de Charles X et de Louis XVIII, étaient