Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/330

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noble, malgré ses souillures. Sa tête l’a égarée, mais le cœur est pur.

Dans son trouble intérieur, l’honnête jeune homme alla consulter M. l’abbé Germar, son directeur, qui, touché de sa vertu, ne balança pas ; il lui ordonna de rester à Paris et d’entreprendre la conversion de Lamiel.

Le rendez-vous avait été indiqué par Lamiel dans une petite auberge de Villejuif où, un jour, un malaise soudain avait forcé Lamiel à chercher un refuge ; l’air honnête de la maîtresse de maison l’avait frappée. L’abbé la trouva établie dans une chambre du second étage ; tout le reste de la maison était occupé. Il recula de surprise en la voyant ; le chapeau commun qu’elle avait acheté la veille, rue du Dragon, était couvert d’un voile noir très épais et quand Lamiel le leva, l’abbé aperçut une figure étrange. Lamiel, qui commençait à savoir lire dans les cœurs, croyait avoir deviné la raison qui, la veille, faisait hésiter l’abbé à lui accorder un second rendez-vous, et elle s’était rendue laide à l’aide du vert de houx.

Elle dit en riant à l’abbé :

— Vous sembliez croire hier que la coquet-