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Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/332

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— Mais ne dirait-on pas, mon ami, à me voir vous entretenir depuis une heure de choses simplement curieuses, que j’ai le plus mauvais cœur du monde et que j’ai oublié tout à fait mes premiers bienfaiteurs ? Que deviennent mon excellent oncle et ma tante Hautemare ? Me maudissent-ils ?

L’abbé, fort soulagé par ce retour aux choses de la terre, lui expliqua dans les plus grands détails que les Hautemare s’étaient conduits avec toute la sagesse normande. Ils avaient adopté avec prudence la fable que Lamiel leur avait fournie ; tout le monde à Carville la croyait occupée dans un village des environs d’Orléans à faire la cour à une grande tante fort âgée et à se ménager une place dans son testament. Tout le village s’était occupé d’un bon de cent francs sur la poste que les Hautemare avaient touché et que le duc avait eu l’idée de leur envoyer d’Orléans comme faisant partie d’un cadeau fait à Lamiel par sa vieille tante.

— Il est vrai, dit Lamiel en rêvant, le duc était parfaitement bon comme Mme la duchesse ; seulement, il était bien ennuyeux.

Elle apprit avec un vif étonnement que le duc s’était échauffé la tête en se croyant profondément