Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/117

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excellents, mais sans le savoir il s’ennuyait.

Les discours de la duchesse parlant souvent de gens de connaissance qui faisaient une grande fortune en exploitant le règne de Charles X donnèrent des idées au docteur et le troublèrent. Il se fit cette question : Que ferai-je dans vingt ans ?

Un homme de cinquante-huit ans avec quinze ou vingt mille livres de rente, et la gloire d’avoir eu vingt ou trente demi-paysannes, c’est-à-dire ce que je suis aujourd’hui avec les infirmités de la vieillesse et quelques billets de mille francs de plus.

Le succès qu’il eut contre Du Saillard, — d’où la fureur de celui-ci, — exigea un mois de soins, mais il fut complet. Il s’estima beaucoup lui-même, et du milieu de ses soins une idée folle lui vint à la tête.

« Il faut que j’entreprenne deux choses :

Me faire aimer de Lamiel, qui a dix-sept ans bientôt et sera charmante quand je l’aurai déniaisée.

Me rendre si nécessaire à cette grande dame qui a de beaux traits et est encore fort bien, malgré ses cinquante-deux ans, qu’elle se résolve, après un combat de quelques mois ou d’un an à épouser de la main gauche le médecin de campagne disgracié par la nature. »