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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/124

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pour vous. M. l’abbé Du Saillard a l’habitude de réussir dans tout ce qu’il entreprend ; s’il se joint aux femmes de chambre, vous êtes perdue, car vous avez toutes les grâces possibles, mais le bon sens manque encore à votre jeunesse, vous ne savez pas raisonner. De ce côté-là, je pourrais bien vous être de quelque utilité ; mais votre maladie va cesser au premier jour, alors je n’aurais plus de prétexte pour vous voir et vous pouvez tomber dans les plus grandes fautes. Si j’étais à votre place, j’aimerais bien faire l’acquisition du bon sens ; c’est un travail d’un mois ou deux.

— Pourquoi ne me dire pas cela en deux mots, pourquoi cette préface d’un quart d’heure ? Je suis inquiète depuis que vous parlez pour deviner à quoi vous voulez en venir.

— Je veux, répondit Sansfin en riant, que vous consentiez à un meurtre horrible : tous les huit jours, je vous apporterais dans la poche de ma veste de chasse de Staub (le tailleur à la mode) un oiseau vivant, je lui couperai la tête, vous verserez le sang sur une petite éponge que vous placerez dans votre bouche. Aurez-vous ce courage ? pour moi, j’en doute.

— Après ? dit Lamiel.

— Après, reprit le docteur, dans les moments que vous passez auprès de la