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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/134

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bonne compagnie en cinq tables produisit naturellement une extrême gaieté qui fut redoublée par le ton vraiment aimable avec lequel pour la première fois de sa vie la duchesse répondit aux compliments qu’on lui adressa. Ce changement fut le chef-d’œuvre de Sansfin.

Il avait fait venir des musiciens qui se présentèrent par hasard à la nuit tombante, lorsque toutes les jeunes femmes des cinq tables commençaient à regretter qu’on n’eût pas eu l’idée de faire finir par un bal une journée aussi aimable. Sansfin remonta en courant et annonça que Mme la duchesse avait eu l’idée de faire arrêter une troupe de musiciens qui se rendaient à Bayeux.

Les arbres de la prairie se trouvèrent illuminés comme par hasard, et le bal commença pour les paysannes. Le salon le plus élevé de la tour, celui du cinquième étage, fut réservé aux dames pour les changements de toilette que rendait nécessaire ce bal improvisé. Pendant la demi-heure qu’elles consacrèrent à ce soin, le docteur Sansfin expliquait aux gentilshommes du voisinage comment, sans qu’on eût songé à rien, la tour d’Albret se trouvait une forteresse fort difficile à prendre.

— Vos ancêtres, messieurs, se connaissaient en choses de guerre, et, comme les maçons ont suivi exactement le plan de