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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/185

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d’entre eux, ceux qui forment le casino, obtiendront des autres que je sois jeté en prison. Le vicomte de Saxilée, ce jeune homme si bien fait et si fier de sa tournure de crocheteur, n’a-t-il pas dit devant moi à ses nobles associés du casino : « Il y a du jacobinisme à détailler avec tant de complaisance les moyens d’agir que possèdent les jacobins. » Ainsi, si la révolte de Paris, malgré la légèreté de ces pauvres badauds, a l’esprit de faire un mal réel aux Bourbons, je perds ma fortune préparée par tant de soins depuis six ans avec tous les châteaux et les prêtres des environs, d’autres hommes puissants paraîtront dans le peuple, et mon esprit devra faire des miracles pour être associé au déploiement de la force brutale ; si le parti de la cour triomphe et fait fusiller une cinquantaine de députés libéraux, il faut que je me sauve au Havre et peut-être de là en Angleterre, car aussitôt le vicomte de Saxilée vient demander qu’on me jette en prison. Tout au moins on visitera mes papiers pour voir si je ne suis point d’accord avec les libéraux de Paris. Ce jeune imbécile veut retourner à son École polytechnique, il faut pousser la duchesse à consentir à ce retour, et moi je serais le modérateur du jeune homme, je l’accompagnerai à Paris, j’enverrai deux fois par jour des