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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/186

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courriers à la duchesse et, au fond, j’essayerai de me faufiler avec le parti vainqueur. Ces Parisiens sont si bêtes que naturellement la cour s’en tirera avec des promesses ; quand le peuple n’est plus en colère, il n’a rien ; et dans huit jours les Parisiens ne seront plus en colère. Dans ce cas je gagne la faveur des chefs de la congrégation et je reviens à Carville comme un de leurs envoyés. C’est à moi alors à faire entendre à tous les imbéciles du parti que M. le vicomte de Saxilée est un cerveau brûlé, capable de tout gâter. Par là, à tout le moins, je me sauve la prison où ce gredin-là voudrait me jeter. Il faut donc flatter ce petit imbécile de façon à ce qu’il m’accepte comme compagnon de voyage. »

Pendant toutes ces réflexions, Sansfin avait commencé à flatter le jeune duc, en se faisant donner mille détails sur l’esprit qui animait l’École polytechnique et en portant aux nues Monge, La Grange et les autres grands hommes qui fondèrent cette École. Ces grands hommes étaient les dieux de Fédor, et livraient bataille dans son cœur à tous ses préjugés de naissance, soigneusement flattés par ses parents. Il était bien fier d’être duc, mais il pensait deux fois par jour à son titre, et, vingt fois la journée, il jouissait