Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/213

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table, mais n’ajouta rien ou presque rien à ses connaissances. Trois jours après, Jean Berville fut renvoyé par Hautemare, qui se mit à épier sa nièce Lamiel. Un mot dit par M. Hautemare et surpris par Lamiel lui fit soupçonner qu’elle était pour quelque chose dans la disgrâce de Jean. Elle le chercha, le trouva huit jours après qui conduisait les charrettes d’un voisin, courut après et lui donna deux napoléons. Tout étonné, Jean regarda au loin, il n’y avait personne sur la grande route ; il embrassa Lamiel et la blessa avec sa barbe ; elle le repoussa vivement mais cependant résolut de savoir à quoi s’en tenir sur l’amour.

— Viens demain sur les six heures dans le bois où nous avons été l’autre dimanche, je m’y rendrai.

Jean se mit à se gratter l’oreille :

— C’est que, lui dit-il après bien des ricanements et des mademoiselle est trop bonne, c’est que, dit enfin Jean Berville, mon travail ne sera pas achevé demain. C’est un marché qui doit me rapporter mieux de six francs par jour, et demain je ne ramènerai la charrette de Méry qu’à huit heures du soir.

— Quand seras-tu libre ?

— Mardi. Mais non, il y aura peut-être encore quelque chose à faire, et mon