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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/214

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maître ne me mettra mon argent en main que quand tout sera parachevé. Mercredi sera le plus sûr pour ne pas nuire à mes petites affaires.

— Très bien ; je te donnerai dix francs, viens dans les bois mercredi sans manquer, à six heures du soir.

— Oh ! pour les dix francs, si mademoiselle le veut, j’irai bien demain mardi, à six heures précises.

— Eh bien ! demain soir, dit Lamiel impatientée de l’avarice de l’animal.

Le lendemain, elle trouva Jean dans le bois, il avait ses habits des dimanches.

— Embrasse-moi, lui dit-elle.

Il l’embrassa, Lamiel remarqua que, suivant l’ordre qu’elle lui en avait donné, il venait de se faire faire la barbe ; elle le lui dit.

— Oh ! c’est trop juste, reprit-il vivement, mademoiselle est la maîtresse ; elle paye bien et elle est si jolie !

— Sans doute, je veux être ta maîtresse.

— Ah ! c’est différent, dit Jean d’un air affairé ; et alors sans transport, sans amour, le jeune Normand fit de Lamiel sa maîtresse.

— Il n’y a rien autre ? dit Lamiel.

— Non pas, répondit Jean.

— As-tu eu déjà beaucoup de maîtresses ?