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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/249

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mais le soir, après le spectacle, Lamiel lui accorda de partir pour Rouen. Le pauvre Fédor, à l’insu de Lamiel, était allé voir sa mère et lui demander pardon de n’avoir osé la saluer, à cause de la personne à laquelle il donnait le bras. Il fut reçu par sa mère avec une sévérité horrible. La duchesse finit par le chasser de sa présence, lui reprochant l’insolence qu’il avait eue, après une telle conduite, de se présenter sans en faire demander la permission. Il rejoignit sa maîtresse. Elle était tellement changée, que la duchesse, qui la vit fort bien, ne la reconnut pas malgré sa taille superbe et difficile à oublier.

Lamiel avait des grâces maintenant et avait perdu sa tournure de jeune biche prête à prendre sa course.

Deux fois elle avait écrit à ses parents des lettres que le duc fit jeter à la poste à Orléans et qui pouvaient confirmer la fable sur un héritage qu’elle leur avait conseillé de mettre en avant dans le village, le lendemain de son départ.

Lamiel passa un mois à Rouen ; elle était ennuyée à fond, le duc était arrivé à avoir pour elle une passion véritable, et ne l’en ennuyait que plus. Lamiel ne lisait dans son cœur que l’ennui qui l’assommait. Quoiqu’elle se fît faire la lecture plus de quatre heures par jour par ce