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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/248

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— Voilà la femme qui me mettra à même de porter vos beaux chapeaux sans avoir l’air de les avoir volés. Partons pour le Havre et j’étudierai à loisir Mlle Volnys.

— Mais ma mère a menacé d’y venir de son côté et si elle nous voit, grand Dieu ?

— Alors courons, alors partons à l’instant, et l’on partit.

L’esprit de Lamiel faisait des pas de géant ; arrivant au Havre, elle eut l’esprit de trouver des inconvénients à tous les appartements que les premiers garçons des hôtels venaient proposer à la portière du coupé, jusqu’à ce que :

« Mlle Volnys, première actrice du Gymnase, vient de descendre chez nous. »

Pendant huit jours Lamiel, placée à la première loge sur le théâtre, ne perdit pas un mouvement de Mlle Volnys, elle passait des heures à sa porte entr’ouverte sur l’escalier de l’hôtel de l’Amirauté pour voir comment Mlle Volnys descendait l’escalier.

La duchesse de Miossens vint au Havre et Fédor tremblait comme la feuille. Un jour, donnant le bras à Lamiel qui, à la vérité, avait un grand chapeau, il vit sa mère venir à lui dans la rue de Paris (rue à la mode du Havre). Lamiel crut qu’il tombait de peur, elle exigea qu’il passerait bravement à côté de sa mère ;