Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/269

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refuserait pas cela à la demoiselle qui, pour le quart d’heure, n’avait pas d’amant.

Le lendemain, revêtu d’une robe de chambre magnifique, et étalé dans son fauteuil à la Voltaire :

— Eh bien ! coquin, dit le comte d’Aubigné au premier domestique de l’hôtel qui entra chez lui, raconte-moi ce que j’ai fait hier quand je suis rentré, un peu égayé.

— Je vous ai déjà dit, reprit ce domestique avec le ton grossier de la colère d’un domestique, que je ne vous répondrai pas quand vous me parlerez ainsi.

Le comte lui jeta un écu de cinq francs ; le domestique le ramassa et leva le bras comme pour le lancer à la tête du comte.

— Eh bien ! dit le comte en riant avec affectation en se rappelant Firmin, des Français (rôle de Moncade).

— Je ne sais ce qui me retient de vous le lancer à la figure, dit le domestique pâlissant ; mais j’ai peur de casser les porcelaines de madame.

Le domestique se retourna vers la fenêtre ouverte, la regarda un instant, puis lança l’écu, qui, traversant toute la rue de Rivoli, alla rebondir contre la grille de la terrasse des Feuillants, où vingt polissons se le disputèrent. Ce spectacle calma apparemment le domestique qui dit au