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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/268

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ment, il n’était pas aussi complet que ce soir, est-ce qu’il ne s’avisa pas de rouer à coups de canne le cocher qui le ramenait ?

« Ah ! ce n’est pas une poupée polie comme mon duc. » L’idée de le voir rosser le cocher qui le ramena plut beaucoup à Lamiel, et, Mme Le Grand renouvelant ses instances, elle s’avança sur l’escalier et dit résolument :

— Monsieur le comte d’Aubigné, remontez à l’instant au numéro 12.

D’Aubigné cessa de parler, la regarda fixement, puis dit :

— Voilà parler ; tous les autres me disent : montez chez vous ; cette sage personne, toute neuve, arrivant de province, croit que j’ai oublié le numéro de mon logement, elle me dit : montez au numéro 12. Eh bien ! voilà ce que j’appelle une politesse parfaite… Et pourra-t-on dire de d’Aubigné qu’il résista aux ordres d’une jolie femme… et qui encore, pour le quart d’heure, n’a point d’amant ? Jamais ! Mademoiselle Lamiel, je vous obéis, et je remonte au numéro 12. Pas le numéro 11, pas le numéro 13 (fi donc, le 13 est de mauvais augure), je remonte précisément au numéro 12.

Il prit sa bougie que Mme Le Grand lui présentait et remonta résolument au numéro 12, en répétant vingt fois qu’il ne