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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/277

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du piquant. Il me faut au moins quatre mille francs pour qu’elle soit digne de paraître à mon bras. Non, mademoiselle, votre vertu paraît empressée de faire faux-bond, mais vous n’aurez ce plaisir que lorsque, moi, j’aurai réuni quatre mille francs. Il faut que les cadeaux arrivent, comme la foudre, le lendemain de votre défaite, et que vous, la première, croyiez avoir affaire à un jeune seigneur opulent et jetant l’argent par la fenêtre, ce que j’étais il y a deux ans. »

Pendant que d’Aubigné se livrait à ces raisonnements prudents (la prudence était son fort), Lamiel avait un vif plaisir et le croyait le plus fou et le plus naturel des jeunes gens.

« Celui-ci n’est point un petit Caton ennuyeux et toujours le même, comme le duc. »

Le comte étudiait toutes ses rentrées à l’hôtel ; il était bien sûr que Lamiel se trouvait dans le boudoir de Mme Le Grand, au rez-de-chaussée, qui avait une belle fenêtre sous les arcades de Rivoli et un vasistas sur l’escalier. À vingt pas de l’hôtel, il prenait une démarche évaporée. Mais sa prudence fut contrariée par les événements.

Il avait réuni à peu près cent louis pour l’équipement de sa future maîtresse et il