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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/278

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s’occupait déjà du choix du nom sous lequel il la ferait débuter au bois de Boulogne. L’admirable fraîcheur, le velouté du teint de Lamiel l’avaient décidé à la faire débuter au grand jour du bois de Boulogne plutôt qu’à la lueur des quinquets de l’Opéra ; il espérait trouver encore un crédit de cent louis ou mille écus chez les marchands, quand arriva l’époque des courses de Chantilly. Par malheur, il n’y songea que huit jours avant.

« Je n’ai plus le temps d’être malade, se dit-il, avec humeur et se frappant le front. D’Éberley et Montandon ont gaspillé cette ressource. »

Il tomba dans une… et dit à Lamiel d’un air profond :

— Je vous adore et vous me mettez au désespoir. Le matin même du jour où il dit ce mot, Mme Le Grand faisait remarquer à Lamiel sa profonde tristesse. Ce mot manqua absolument son effet ; il était entaché d’ennui. Le duc, qui l’avait tant ennuyée, le lui avait dit vingt fois mieux. Si elle eût eu à cette époque le talent de lire dans son propre cœur, elle eût dit au comte :

— Vous me plaisez, mais à condition de ne me jamais parler le langage de la passion.