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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/285

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fauteuils du pauvre comte et de ses porcelaines, peut-être en aura-t-il disposé par testament.

Toute cette discussion plongea Lamiel dans un noir profond. Certes, elle n’avait pas d’amour pour le comte, le sentiment qui lui navrait le cœur n’était que de la simple humanité.

À Versailles, au milieu d’une société dévote et gémissant de tout, le comte mourait d’ennui ; mais il était prudent avant tout et un trait de sa rare prudence corrigea la fortune. Pour être bien reçu malgré sa pauvreté qui commençait à percer, il avait pris le parti de faire la cour à une marquise âgée, Mme de Sassenage, l’un des plus solides soutiens de la congrégation en ce pays-là. Son caractère dur, sa vanité âpre donnèrent de l’occupation à la marquise. Elle connut moins l’ennui ; pour l’enchaîner et l’obliger à la courtiser, cette marquise inventa de l’engager à prendre le parti de l’Église. Le comte, qui savait exploiter son nom avec une rare habileté, lui dit gravement :

— En ce cas, les Nerwinde sont éteints, je suis le dernier du nom et je dois, à la gloire de mon père et au souvenir que la France conserve à ce héros, ami de Jourdan, de consulter ma sœur, la baronne de Nerwinde, sur cette démarche importante.