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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/301

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— Elle est de si bonne compagnie !

— Elle est bien mieux que cela, dit le vieux baron de Prévan, qui était le dictateur de tous ces jeunes gens, c’est une fille d’esprit qui s’ennuie du ton de la bonne compagnie et vous donne bien mieux au risque d’être méprisée par vous. Avec son air doux et gai, elle est l’audace même ; elle a le courage, plus humain que féminin, de braver votre mépris, et c’est pourquoi elle est inimitable. Regardez-la bien, messieurs, si jamais un caprice vous l’enlève, jamais vous n’en verrez une semblable.

Une autre singularité maintenait Lamiel à une hauteur incalculable. Au milieu des dîners dégénérant le plus en orgie, on voyait une femme d’une figure charmante et n’ayant évidemment aucun goût pour le plaisir qui est censé faire le lien de ce genre de société. II était évident que le libertinage, ou ce qu’on appelle le plaisir dans ce monde-là et même ailleurs, n’avait aucun charme pour elle. La confidence imprudente du comte avait mis sur la voie. Elle parlait du plaisir en bons termes, avec considération, avec respect même (qu’eussent été les compagnons, sans le plaisir !) mais quoiqu’elle s’en cachât on voyait que ce dieu était détrôné pour elle. Chose incroyable, elle n’était point haïe