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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/302

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des dames ; sans doute, ses succès si extraordinaires choquaient, mais : 1o le plaisir n’était rien pour elle ; 2o elle avait avec ses bonnes amies un ton de politesse fine et gaie qui les subjuguait. Jamais d’ailleurs, avec tout son esprit, avec cette manière de rire de tout qui choquait tellement le comte, avec l’ascendant d’une beauté si jeune et si irrésistible, elle n’appelait l’attention d’une manière vive et imprévue sur les côtés désavantageux de la beauté ou du caractère de ces dames.

L’épigramme était chose absolument inconnue dans sa bouche ; jamais on ne l’avait vue lançant un mot méchant sur les antécédents, souvent fort scabreux, de ses nouvelles amies. Rien de plus simple, Lamiel n’était rien moins que sûre que ces dames eussent eu tort de se conduire ainsi. Elle étudiait, elle doutait, elle ne savait à quel parti s’arrêter sur toutes choses ; la curiosité était toujours son unique et dévorante passion.

La vie que lui faisait mener l’orgueil du comte de Nerwinde n’avait qu’un avantage à ses yeux :

1o Elle voyait par les propos du monde que cette vie était généralement enviée ;

2o Cette façon de vivre était agréable physiquement ; d’excellents dîners, des voitures rapides et bien douces, des loges