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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/303

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bien réchauffées, riches, tendues d’étoffes dans toute leur fraîcheur et garnies de coussins à la dernière mode, avaient un mérite qu’il n’était possible de nier. L’absence de toutes ces choses brillantes eût choqué Lamiel, peut-être eût fait son malheur (ce n’est pas mon avis toutefois), mais leur présence ne formait point pour elle un bonheur ravissant.

L’ancien problème qui l’agitait dans le village des Hautemare, vivait encore dans toute son énergie au fond de son cœur : « L’amour dont tous ces jeunes gens parlent existe-t-il en effet pour eux, en sa qualité du roi des plaisirs, et suis-je insensible à l’amour ? »

— Eh bien ! Messieurs, dit un jour le comte de Nerwinde à ses amis qui admiraient son bonheur, je ne me laisse point charmer par ce qui vous éblouit : que ce soit un avantage ou un malheur du caractère ferme que le ciel m’a donné, je ne suis point dupe de cette Mme de Saint-Serve, de cette beauté rare que vous me gâtez comme à plaisir avec tous vos compliments. J’ai les moyens assurés de rabattre sa fierté ; tel que vous me voyez, depuis deux mois, c’est-à-dire depuis la première semaine qui a suivi mon retour à Paris, nous faisons lit à part.

Ce mot de vanité changea tout parmi