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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/330

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richesse se rit des projets de Sansfin et peut-être les lui eût laissé amener à bien, mais elle voit Pintard, le voleur énergique, l’homme qui tue. L’Amiel agit ainsi par véritable amour ou simplement par l’effet d’un caprice violent réveillé par l’énergie véritable qu’elle découvre dans Pintard. Ce qui lui plaît dans cet homme fort laid, c’est qu’il ne s’efforce pas dans les moments de repos, sûr qu’il est de se trouver au moment de l’action ; cette particularité est un des traits les plus frappants du caractère de L’Amiel.

Sansfin se dit : L’Amiel une fois femme du duc, je possède un centre d’action à moi, un salon que l’on peut avouer et même un salon noble. Avec mon esprit, c’est la chose qui me manque. Comme Archimède, une fois ayant ce point d’appui, je puis soulever le monde ; en peu d’années je puis me faire un grand homme comme M. V. Hugo, connu du gros marchand de Nantes. Je me sens le génie de remuer ces Français ; une fois revêtu de grandes dignités, leur vanité, satisfaite d’avoir des rapports avec moi, n’aperçoit plus ma bosse.

Le duc de Miossens, charmant de tous points, mais sans caractère, songe d’abord L’Amiel comme facile.

C’est un grand jeune homme fort mince