Aller au contenu

Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heureux la Paris et y régnait. Ce jacobin n’était autre que l’aimable académicien généralement connu sous le nom de Louis XVIII.

Au milieu de cette vie de campagne où elle s’était précipitée par dégoût pour Paris, la duchesse n’avait d’autre distraction que le récit des commérages du village de Carville, dont elle était fort exactement instruite par une de ses femmes de chambre, Mlle Pierrette, qui avait un amant au village. Ce qui m’amusait, c’est que les récits de Pierrette employaient les termes les plus clairs, souvent d’une énergie bien plaisante à les voir écoutés par une dame dont le langage était un modèle de délicatesse souvent exagérée.

Je m’ennuyais donc un peu au château de Carville, lorsqu’il nous arriva une mission dirigée par un homme d’une grande éloquence, M. l’abbé Le Cloud, qui, dès le premier jour, fit ma conquête.

La mission fut une vraie bonne fortune pour la marquise qui, tous les soirs, avait un souper de vingt personnes. À ces soupers, on parlait beaucoup de miracles. Mme la comtesse de Sainte-Foi et vingt autres dames des environs, que chaque soir l’on voyait au château, parlèrent de moi à M. l’abbé Le Cloud comme d’un homme dont on pourrait faire quelque