CHAPITRE 2
e dernier jour de la mission donnée à
Carville, nobles ayant peur de 1793
et bourgeois enrichis visant au bon
ton, remplissaient à l’envi la jolie petite
église gothique du village. Tous les fidèles
n’avaient pas pu y trouver place : mille
ou douze cents peut-être étaient restés
dans le cimetière qui l’entoure. Les portes
de l’église avaient été enlevées par ordre
de M. Du Saillard, et quelques éclats de
voix du missionnaire qui occupait la chaire
arrivaient de temps à autre jusqu’à cette
foule impatiente et à demi-silencieuse.
Deux de ces messieurs avaient déjà paru, le jour commençait à baisser ; c’était un jour triste de la fin d’octobre. Un chœur de soixante jeunes filles bien pensantes, formées et exercées par M. l’abbé Le Cloud, chanta des antiennes choisies.
La nuit était tout à fait tombée quand elles eurent fini. Alors M. l’abbé Le Cloud voulut bien remonter en chaire pour dire un mot d’exhortation. À ce préambule, la foule qui était dans le cimetière se