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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/95

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Que de fois par la suite elle maudit cette inspiration de la paresse !

La duchesse s’écria tout à coup pendant cette lecture abominable : — Lamiel ! qu’on mette les chevaux et qu’on aille chercher au village la petite Lamiel, la fille d’Hautemare, elle se fera accompagner par son oncle ou sa tante.

Lamiel parut deux heures après avec ses habits des dimanches. Elle lut mal d’abord, mais avec des grâces charmantes qui firent oublier à la duchesse même l’intérêt des nouvelles de la Vendée. Ses jolis yeux si fins s’enflammaient de zèle en lisant les phrases d’enthousiasme de la Quotidienne. « Elle pense bien », se dit la duchesse, et lorsque, vers les onze heures, Lamiel et son oncle prirent congé de la grande dame, celle-ci avait la fantaisie bien décidée d’attacher Lamiel à son service.

Mais Mme Hautemare n’admettait pas l’idée que le soir, à neuf ou dix heures, Lamiel, grande fille de quinze ans, fort délurée, pût revenir du château à la maisonnette du maître d’école.

Ici eut lieu une négociation fort compliquée qui dura plus de trois semaines. Ce délai fut suffisant pour porter à l’état de passion, chez la duchesse, l’idée d’abord assez vague d’avoir Lamiel au château