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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/96

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pour lire la Quotidienne. Après des pourparlers infinis qui pourraient bien avoir le mérite de peindre le génie normand dont nous voyons de si beaux exemples à Paris, mais au risque de paraître long au lecteur bénévole, il fut convenu que Lamiel coucherait dans la chambre de Mme Anselme, et cette chambre avait l’honneur de toucher à celle de la duchesse. Cette dernière circonstance, qui rassurait pleinement le scrupule et surtout la vanité de Mme Hautemare, ne laissa pas de la choquer extrêmement dans un autre sens.

— Quoi donc ! disait-elle à son mari, lorsque tout semblait conclu, les méchantes langues de Carville pourront dire que notre nièce est entrée en service ! Cela ferait renaître les espérances de ton neveu le jacobin, qui a dit de nous tant d’horreurs.

Ce scrupule fut sur le point de faire renoncer à l’affaire, car la duchesse, de son côté, trouvait qu’entrer au château était un honneur insigne pour la nièce du maître d’école, et s’en expliqua dans ces termes avec Mme Hautemare. Aussitôt la commère du village fit une profonde révérence à la grande dame et prit congé sans répondre.

— Voilà bien la révolution ! s’écria la duchesse hors d’elle-même ; c’est en vain que nous pensons l’éviter, la révolution