Aller au contenu

Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous assiège et se glisse même parmi les gens dont nous faisons la fortune.

Cette réflexion la pénétra d’indignation, de douleur et de crainte. Dès le lendemain matin, après une nuit passée presque sans sommeil, la duchesse fit appeler le bonhomme Hautemare pour lui laver la tête, mais elle fut bien autrement surprise quand le maître d’école, tout consterné et roulant son chapeau entre ses mains, tant il était effrayé du terrible message dont on l’avait chargé, lui annonça que, toute réflexion faite, Lamiel avait la poitrine trop délicate pour pouvoir accepter l’honneur que Mme la duchesse avait voulu lui faire.

La réponse à cette déclaration impertinente fut empruntée à Bajazet ; elle consista dans ce seul mot :

— Sortez !

La duchesse avait voulu conduire cette affaire sans en parler au curé Du Saillard ; la profondeur singulière qu’avait l’esprit de cet ecclésiastique habile lui avait donné l’impardonnable défaut de se laisser aller quelquefois à des reparties un peu brusques quand on lui opposait des objections par trop absurdes. « Voilà encore, se disait la duchesse, de ces choses qu’on n’eût point vues avant 89. » Elle évitait donc le plus qu’elle pouvait de parler