parle la portent un peu trop à se rassurer.
Il la trouva pâle, calme, assise sur le divan, mais hors d’état apparemment de faire un seul mouvement. Elle lui tendit la main :
— Ami, je t’ai offensé, il est vrai ; tu peux être fâché contre moi ?…
Julien ne s’attendait pas à ce ton si simple, il fut sur le point de se trahir.
— Vous voulez des garanties, mon ami, ajouta-t-elle après un silence qu’elle avait espéré voir rompre ; il est juste. Enlevez-moi, partons pour Londres… Je serai perdue à jamais, déshonorée… Elle eut le courage de retirer sa main à Julien pour s’en couvrir les yeux. Tous les sentiments de retenue et de vertu féminine étaient rentrés dans cette âme… Eh bien ! déshonorez-moi, dit-elle enfin avec un soupir, c’est une garantie.
Hier j’ai été heureux, parce que j’ai eu le courage d’être sévère avec moi-même, pensa Julien. Après un petit moment de silence, il eut assez d’empire sur son cœur pour dire d’un ton glacial :
— Une fois en route pour Londres, une fois déshonorée, pour me servir de vos expressions, qui me répond que vous m’aimerez ? que ma présence dans la chaise de poste ne vous semblera point importune ? Je ne suis pas un monstre,