Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/16

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après avoir barbouillé le manuscrit de son amie pour lui bien montrer comment il fallait s’y prendre, il se résout soudain à traiter à son tour l’intrigue du Lieutenant. Il se met aussitôt à la besogne avec sa fougue ordinaire et durant plus de dix-huit mois d’affilée il ne travaillera guère à autre chose.

Nous aimerions savoir exactement ce qu’il a retenu du roman que lui avait confié madame Jules Gaulthier ? Tant que ce manuscrit ne sera point retrouvé nous ne pourrons à cette question faire aucune réponse certaine et qui satisfasse vraiment. Cependant de la masse de notes, d’indications, de retouches et de plans successifs dont Stendhal surcharge les marges de son manuscrit on peut déduire que l’œuvre de son amie ne fut guère pour lui qu’un tremplin d’où il prit son essor. Tous les faits, toutes les dates, renforcent cette hypothèse.

Le 4 mai 1834, Beyle explique à sa correspondante comment elle devra récrire le lieutenant pour lui ôter sa gaucherie de forme. Dès le lendemain il se met au travail et trace les premières pages de l’ouvrage qui changera plusieurs fois de titre et que nous publions ici sous le nom de Lucien Leuwen. En réalité il ne sait pas très bien où il va et il n’a sans doute d’autre but que de récrire un roman mal construit lorsque dans la nuit du 8 au 9 mai