Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/322

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un homme estimable et de servir la patrie, si l’occasion s’en présente.

« D’ailleurs, ajouta-t-il en souriant avec mélancolie, ses propos aimables m’auront bien vite guéri du plaisir que je suppose trouver à la voir ; avec des façons un peu plus nobles, avec les propos convenus d’une autre position dans la vie, ce sera le second tome de mademoiselle Sylviane Berchu. Elle sera aigre et dévote comme madame de Serpierre, ou ivre de gentilhommerie et me parlant des titres de ses aïeux, comme madame de Commercy, qui me racontait hier, en brouillant toutes les dates et, qui plus est, bien longuement, comme quoi un de ses ancêtres, nommé Enguerrand, suivit François Ier à la guerre contre les Albigeois et fut connétable d’Auvergne… Tout cela sera vrai, mais elle est jolie ; que faut-il de plus pour passer une heure ou deux ? et, en écoutant ces balivernes, je serai à deux pas d’elle. Il serait même curieux d’observer philosophiquement comment des pensées ridicules ou basses peuvent ne pas gâter une telle physionomie. C’est qu’au fait rien n’est ridicule comme la science de Lavater. »

Ce qui répondit à tout, dans la tête de Lucien, ce fut la pensée qu’il y aurait de la gaucherie à ne pas pénétrer dans les salons où allait madame de Chasteller, ou dans