Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/199

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voisine de Baccarat. Un kirschwasser limpide comme de l’eau de roche, une eau-de-vie d’un jaune ardent comme le madère brillaient dans ces flacons. Il se trouva bientôt que chacun des trois frères Roller voulait se battre avec Leuwen. M. de Goëllo, fat de trente-six ans, sec et ridé, qui dans sa vie avait prétendu à tout, et même à la main de madame de Chasteller, plaidait sa cause avec poids et mesure, et voulait se battre le premier avec Leuwen, car enfin il se trouvait lésé plus qu’aucun.

— Est-ce qu’avant son arrivée je ne prêtais pas à la dame des romans anglais de Baudry ?

— Baudry toi-même, dit M. de Lanfort, qui était survenu. Ce beau monsieur nous a tous offensés, et personne plus que le pauvre d’Antin, mon ami, qui est allé se dépiquer.

— Digérer ses cornes, interrompit Sanréal en riant très fort.

— D’Antin est mon ami de cœur, reprit Lanfort choqué de ce ton grossier. S’il était ici, il se battrait avec vous tous, plutôt que de n’avoir pas affaire le premier à cet aimable vainqueur. Et pour toutes ces raisons, moi aussi je veux me battre.

Le courage de Sanréal se trouvait