Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/223

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L’accouchement a eu lieu sans accident. M. le marquis est-il hors de la maison ?

— Oui, monsieur.

— Cette maudite Beaulieu n’y est pas ?

— Elle est en route pour son village.

— Sous un prétexte je l’ai envoyée chercher une nourrice, puisque celle que j’ai retenue au faubourg ne veut pas d’un enfant clandestin.

— Et M. de Blancet ?

— Ce qu’il y a de bien singulier, c’est que votre maîtresse ne veut pas le voir.

— Je le crois pardieu bien, dit Anne-Marie, après un tel cadeau !

— Après tout, peut-être l’enfant n’est pas de lui.

— Ma foi ! ces grandes dames, ça ne va pas souvent à l’église, mais en revanche cela a plus d’un amoureux.

— Je crois entendre gémir madame de Chasteller, je rentre, dit le docteur. Je vais vous envoyer mademoiselle Bérard.

Mademoiselle Bérard arriva, elle exécrait Leuwen, et dans une conversation d’un quart d’heure eut l’art, en disant les mêmes choses que le docteur, d’être bien plus méchante. Mademoiselle Bérard était d’avis que ce gros poupon, comme elle l’appelait, appartenait à M. de Blancet ou au lieutenant-colonel de hussards[1].

  1. Cuirassiers, écrit Stendhal distrait. N. D. L. E.