Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/224

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« Ou à M. de Goëllo, dit naturellement Anne-Marie.

— Non, pas à M. de Goëllo, dit mademoiselle Bérard[1], madame ne peut plus le souffrir. C’était de lui la fausse couche qui faillit, dans les temps, la brouiller avec ce pauvre M. de Chasteller. »

On peut juger de l’état où se trouvait Leuwen. Il fut sur le point de sortir de sa cachette et de s’enfuir, même en présence de mademoiselle Bérard.

« Non, se dit-il ; elle s’est moquée de moi comme d’un vrai blanc-bec que je suis. Mais il serait indigne de la compromettre. »

À ce moment, le docteur, craignant de la part de mademoiselle Bérard quelque raffinement de méchanceté trop peu vraisemblable, vint à la porte de l’antichambre.

— Mademoiselle Bérard ! Mademoiselle Bérard ! dit-il d’un air alarmé, il y a une hémorragie. Vite, vite, le seau de glace que j’ai apporté sous mon manteau.

Dès qu’Anne-Marie fut seule, Leuwen sortit en remettant sa bourse à Anne-Marie, en quoi faisant il vit, bien malgré lui, l’enfant qu’elle portait avec ostentation et qui, au lieu de quelques minutes de vie,

  1. Stendhal répète par erreur le nom d’Anne-Marie, qu’il vient de faire parler dans la réplique précédente ajoutée en surcharge. N. D. L. E.