Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous serez battu et puis arrêté. Je ne sais pas si vous serez content.

— Monsieur, vous êtes un insolent, et vous me rendrez raison.

— Vous auriez bon besoin, monsieur, que je vous rendisse la raison. Pour le présent, je me bornerai à vous dire que mon mépris pour vous est complet ; mais je ne vous accorderai l’honneur de tirer l’épée avec moi que le lendemain de l’élection de M. Mairobert. Je vais, monsieur, avoir l’honneur de vous écrire ; en même temps j’irai faire part de mes instructions au général.

Ce mot parut mettre le préfet tout à fait hors de lui.

— Si le général obéit, comme je n’en doute pas, aux ordres du ministre de la Guerre, vous serez arrêté, et moi mis par force en possession du télégraphe. Si le général ne pense pas devoir me prêter main-forte, je vous laisse, monsieur, tout l’honneur de faire élire M. Mairobert, et je pars pour Paris. Je passerai au pont de ***, et d’ailleurs serai toujours prêt, à Paris comme ici, à vous renouveler l’hommage de mon mépris pour vos talents comme pour votre caractère. Adieu, monsieur.

Comme Leuwen s’en allait, on frappa violemment à la porte qu’il allait ouvrir