Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/138

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il m’a dit : Faites vos instructions, moi qui débute dans la carrière. Serait-ce peur de se compromettre ? voudrait-il me compromettre ? » ]

— Je vous donne ma parole que personne ne saura jamais que je vous ai parlé de cette idée, et j’aurai l’honneur de vous remettre avant votre sortie d’ici une lettre qui le prouve. Quant à l’intérêt que vous daignez prendre à ma jeunesse, mes remerciements sont sincères comme votre bienveillance, mais je vous avouerai que je ne cherche que le succès de l’élection. Toutes les considérations personnelles sont secondaires pour moi, je désirerais ne pas employer le moyen acerbe des destitutions, je ne veux pas employer de moyens infâmes, du reste je sacrifie tout pour arriver au succès. Malheureusement, il n’y a pas dix heures que je suis à Caen, je n’y connais personne absolument, et le préfet me traite en rival et non en aide. Si M. de Vaize veut être juste, il considérera tout cela. Mais je ne me pardonnerais pas de me faire de mes craintes sur sa manière de voir un prétexte pour ne pas agir. Ce serait à mes yeux la pire des platitudes.

Cela posé, et vous, mon général, restant entièrement étranger à la singulière mesure que je propose dans ce cas déses-