Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/150

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sur les bras. Nous étions plus jeunes alors, tout allait plus vite, ces élections n’étaient pas connues. La ville, ce soir, a l’air en émeute comme en 1786…, etc., etc.…

Leuwen remarqua que le président n’était point bavard en présence de son oncle ; il maniait avec assez d’adresse l’esprit du vieillard qui, sa petite tête coiffée d’un énorme bonnet, paraissait bien avoir soixante-dix ans.

En sortant de chez M. l’abbé Disjonval, le président Donis dit à Leuwen :

— Demain, aussitôt que j’aurai vu mon oncle, sur les huit heures et demie, j’aurai l’honneur de me rendre chez vous. Mais, monsieur, vous avez l’avantage de n’être pas connu de nos artisans de désordre, ils vous prendront dans la rue pour un jeune électeur, et les jeunes sont presque tous libéraux… Il serait mieux peut-être qu’à neuf heures moins un quart vous eussiez la bonté de venir chez mon cousin Maillet, n° 9, rue des Clercs.

Le lendemain, à huit heures trois quarts, Leuwen laissait le général dans sa voiture, sur le cours Napoléon et courut chez M. Maillet, n° 9. Le président y arrivait de son côté.

— Bonnes nouvelles ! M. Le Canu accorde l’entrevue à l’instant même, ou bien ce soir à cinq heures.