Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/169

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secrétaire général. Et il regarda Leuwen comme pour lui demander pardon de l’acte d’humanité qu’il exerçait en faisant attention à l’état du préfet. En effet, ce fonctionnaire était évanoui ; on le porta près d’une fenêtre qu’on ouvrit.

Pendant ce temps, Leuwen s’étonnait du peu d’intérêt de la dépêche qu’apportait le courrier. C’était une grande lettre du ministre sur sa belle conduite à Blois ; le ministre ajoutait de sa main qu’on recherchait et punirait sévèrement les auteurs de l’émeute, que lui ministre avait lu en conseil au roi la lettre de Leuwen qui avait été trouvée fort bien.

« Et de l’élection d’ici, pas un mot, se dit Leuwen. C’était bien la peine d’envoyer un courrier. »

Il s’approcha de la fenêtre ouverte près de laquelle était le préfet, auquel on frottait les tempes d’eau de Cologne. On répétait beaucoup les fatigues de l’élection. Leuwen dit un mot honnête, et ensuite demanda la permission de passer pour un moment dans une chambre voisine avec M. Coffe.

— Concevez-vous, dit-il à Coffe en lui donnant la dépêche du ministre, qu’on envoie un courrier pour une telle lettre ?

Il se mit à lire une lettre de sa mère qui altéra rapidement sa physionomie