Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/170

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riante. Madame Leuwen voyait la vie de son fils [en danger], et « pour une cause si sale, ajoutait-elle. Quitte tout et reviens… Je suis seule, ton père a eu une velléité d’ambition, il est allé dans le département de l’Aveyron, à deux cents lieues de Paris, pour tâcher de se faire élire député. »

Leuwen donna cette nouvelle à Coffe.

— Voici la lettre qui a fait envoyer le courrier. Madame Leuwen aura exigé que sa lettre vous parvînt rapidement. Au total, il n’y a pas là de quoi vous distraire. Il me semble que votre rôle vous rappelle auprès de ce petit jésuite qui meurt de haine rentrée. Moi, je vais achever de l’assommer par mon air important.

Coffe fut en effet parfait en rentrant dans la salle à manger. Il avait tiré de sa poche huit ou dix rapports d’élections qu’il avait fourrés dans la dépêche, et la portait comme un saint-sacrement. M. de Séranville avait repris connaissance, il avait eu le mal de mer, et au milieu de ses angoisses regardait Leuwen et Coffe d’un air mourant. L’état de ce méchant homme toucha Leuwen, il vit en lui un homme souffrant.

« Il faut le soulager de notre présence », et après quelques mots polis [il] se retira.