Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/215

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longue, aperçut mademoiselle Raimonde dans une loge au cinquième et disparut.

— Aux armes ! dit tout à coup M. Leuwen à Coffe en sortant de sa rêverie. Il faut agir.

— Je n’ai pas de montre, dit Coffe froidement. M. votre fils m’a tiré de Sainte-Pélagie… Il ne résista pas à la vanité d’ajouter : Dans ma faillite, j’ai placé ma montre dans mon bilan.

— Parfaitement honnête, parfaitement honnête, mon cher Coffe, dit M. Leuwen d’un air distrait. Il ajouta plus sérieusement : Puis-je compter sur un silence éternel ? Je vous demande de ne prononcer jamais ni mon nom, ni celui de mon fils.

— C’est ma coutume, je vous le promets.

— Faites-moi l’honneur de venir dîner demain chez moi. S’il y a du monde, je ferai servir dans ma chambre ; nous se serons que trois, mon fils et vous, monsieur. Votre raison sage et ferme me plaît beaucoup, et je désire vivement trouver grâce devant votre misanthropie, si toutefois vous êtes misanthrope.

— Oui, monsieur, par trop aimer les hommes.

Quinze jours après, le changement opéré chez M. Leuwen étonnait ses amis : il